Combien gagnez-vous ? C’est une question qui met mal à l’aise. C’est ce que prouve une enquête que ZIJkant a commandée à Ipsos. La moitié des Belges ne savent rien du salaire de leurs ami.e.s ou collègues, et encore moins de celui de leur supérieur.e. Une proportion tout aussi importante ne parle pas de son propre salaire. Les femmes semblent être les plus grandes victimes de ce tabou : plus de six sur dix n’ont aucune idée du salaire des collègues avec des fonctions différentes, et plus de sept sur dix ignorent le salaire de leur supérieur.e. En plus, elles discutent rarement de leur propre rémunération avec cette dernière personne.
Le manque de transparence perpétue l’écart salarial entre femmes et hommes. Il s’élève encore à 21 %, raison pour laquelle ZIJkant organise déjà une Equal Pay Day pour la vingtième fois. Cette année, la journée de l’égalité salariale aura lieu le 17 mars 2024.
Pour briser le tabou, ZIJkant fera campagne dans les gares de Flandre et de Bruxelles le 18 mars : les passant.e.s pourront choisir à quelle question gênante ils/elles préfèrent répondre, celle sur leur vie intime ou celle sur leur salaire. Le 20 mars, nous accueillerons, entre autres, la commissaire européenne chargée de l’Egalité, Helena Dalli, lors de la table ronde intitulée ‘Let’s talk about money’.
Selon les dernières statistiques de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, l’écart entre les salaires bruts annuels moyens est toujours de 21% (année de référence 2021). La date symbolique de l’Equal Pay Day tombe donc le 17 mars. Nous avons ainsi réalisé une petite avancée : l’écart salarial s’est réduit de 0,6 point de pourcentage par rapport aux chiffres de 2020. Si nous progressons d’à peine quatre points de pourcentage en sept ans, il faudra attendre encore au moins 37 ans pour obtenir l’égalité salariale entre hommes et femmes.
CAMPAGNE 2024 : Une question qui dérange
Cette année, nous ‘célébrons’ la 20e édition de l’Equal Pay Day, bien qu’il n’y ait évidemment pas lieu de se réjouir. L’écart de rémunération est insoluble, ce qui s’explique en grande partie par le fait que nous nous confessons plus facilement sur notre vie intime que sur les centimes. Les gens font d’étranges cabrioles lorsqu’on leur demande combien ils gagnent.
L’agence de communication mortierbrigade et la maison de production Czar ont travaillé pour Equal Pay Day sur les réactions de stress que la ‘question dérangeante’ suscite chez les hommes. L’absurdité du tabou se traduit en une vidéo qui met mal à l’aise.
La vidéo sera lancée le 17 mars, le jour de l’Equal Pay Day.
ETUDE PAR IPSOS : Les salaires sont tabous
Pour identifier le tabou qui entoure les salaires, le bureau d’études Ipsos a mené une enquête en ligne auprès de 1.000 travailleurs/travailleuses belges, dont un nombre égal d’hommes et de femmes, pour le compte de ZIJkant. L’enquête a porté sur les connaissances des répondant.e.s en ce qui concerne la rémunération de leurs amis, de leurs collègues (avec ou sans emploi similaire) et de leurs supérieur.e.s hiérarchiques. Il a également été demandé aux répondant.e.s dans quelle mesure ils/elles parlaient de leur propre rémunération.
La plupart des répondant.e.s travaillent à temps plein (79%). Les répondant.e.s ayant un emploi étudiant ou à horaire flexible et les entrepreneurs individuels n’ont pas été retenus. La grande majorité est composée d’employé.e.s ou de cadres (78%), 16% sont des ouvriers/ouvrières et 6% ont d’autres fonctions (indépendant.e.s, professions libérales…). La moitié d’entre eux travaillent dans une entreprise de plus de 200 employé.e.s. 59% sont originaires de Flandre, 11% de Bruxelles et 30% de Wallonie.
Les résultats confirment les soupçons :
Plus de la moitié des Belges (56%) ne savent rien de la rémunération de leurs collègues exerçant des fonctions différentes. 28% ont une idée de l’ordre de grandeur et seulement 17% connaissent les chiffres. Dans les petites entreprises, l’ignorance est plus grande que dans les entreprises de taille (moyenne).
Parmi les collègues ayant un travail similaire, la connaissance est plus grande, mais les détails restent néanmoins inconnus : 35% connaissent l’ampleur de la rémunération des collègues faisant le même travail, mais pas les détails. Un tiers des personnes interrogées n’ont même pas la moindre idée des ordres de grandeur, ce chiffre atteignant presque la moitié dans les petites entreprises.
Comme on pouvait s’y attendre, le salaire du/de la supérieur.e est un sujet tabou : 66% des personnes interrogées n’en savent rien. Ce chiffre est nettement plus élevé chez les femmes (74% contre 58%, voir également le point 3).
Il est étonnant que près de la moitié (44%) ne savent rien des fiches de paie des ami.e.s, bien que 42% aient une idée de l’ampleur de la chose. Les jeunes font exception à cette règle, car ils ont clairement une meilleure idée de ce que gagnent leurs ami.e.s (50% connaissent l’ordre de grandeur, 27% connaissent également les détails). Cette transparence disparaît clairement lorsque l’on commence à faire carrière : à partir de 35 ans, la majorité ne sait pas ce que gagnent ses ami.e.s. Les indépendant.e.s sont les mieux informé.e.s.
Avec les collègues dont les emplois ne sont pas comparables, la moitié des Belges ne parlent pas de salaire (51%). Le tabou est plus important en Flandre (54%) qu’à Bruxelles (43%) et en Wallonie (46%). Dans les grandes entreprises, l’ouverture est plus grande que dans les petites structures.
Plus d’un tiers des travailleurs/travailleuses belges (35%) restent également silencieux à l’égard de leurs collègues ayant un emploi similaire. Un tiers en parle parfois de manière superficielle. Ici aussi, le tabou est plus grand dans les petites entreprises. Les jeunes travailleurs/travailleuses hésitent nettement moins à s’ouvrir que leurs aîné.e.s. Ici aussi, on constate que dans le sud du pays, il est plus facile de parler de salaire que dans le nord.
Il est également frappant de constater que 53% des travailleurs/travailleuses ne parlent pas de leur rémunération avec leur supérieur.e. hiérarchique, alors que c’est justement avec cette personne qu’il faudrait aborder le sujet. Seuls 19% le font.
Le fait que les jeunes accordent une plus grande importance à la transparence est confirmé par les chiffres : 61% des 18-24 ans et 51% des 25-35 ans parlent ouvertement de leur salaire avec leurs ami.e.s. Toutefois, la situation semble changer lorsqu’ils/elles commencent à faire carrière. À partir de 30 ans, le salaire n’est plus abordé que superficiellement. Les travailleurs/travailleuses plus âgé.e.s gardent la bouche fermée.
Cette étude semble confirmer que le tabou autour du salaire perpétue l’écart de rémunération. Les femmes sont nettement moins bien informées que les hommes sur le salaire des autres (64% des femmes interrogées n’ont aucune idée du salaire de leurs collègues ayant un emploi différent, 40% ne savent pas comment sont rémunéré.e.s les employé.e.s ayant un emploi similaire). En outre, près de la moitié des hommes connaissent (approximativement) la rémunération de leur supérieur.e, contre seulement un quart des femmes.
Le manque de connaissances coïncide également avec un silence sur leurs propres salaires : les femmes n’en parlent pas avec des collègues occupant des postes similaires (38%), ni avec d’autres collègues (57 %) et encore moins avec un.e supérieur.e hiérarchique (61%). Cela suggère que les femmes négocient également moins que les hommes, puisque parmi ces derniers, 45% ne discutent jamais de leur propre salaire avec leur supérieur.e.
Contact
Julie Van Garsse, ZIJkant, 0496/83 08 30, julie.vangarsse@zijkant.be
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